"Photographies à l'oeuvre", exposition au château de Tours

Ce week-end, nous sommes allés à l’exposition « photographies à l’œuvre » au château de Tours.

Cette exposition s’appuie sur une partie des clichés du MRU (Ministère de la Reconstruction) pour retracer l’immense chantier qui a permis, entre 1945 et 1958, de reconstruire les logements détruits pendant la seconde guerre mondiale. Elle est divisée en 2 parties (sur deux étages du château) : une première partie sur la reconstruction elle-même (techniques employées, modèles de bâtiments allant des baraquements en préfabriqué aux barres HLM en passant par les reconstructions à l’identique comme à Saint Malo) et une seconde, s’appuyant plus sur l’étude ethnographique sur le mal-logement, qu’était censé endiguer la reconstruction. Cette étude (reportages photographiques d’Henri Salesse) précédant de peu l’appel de l’Abbé Pierre au cours de l’hiver 51.

L’exposition est passionnante, et tout le monde y a trouvé son compte. Les filles ont découvert comment on construisait des maisons en béton, on a aussi découvert l’étendue des réalisations (souvent quand on parle reconstruction, on pense aux villes de béton comme Lorient, Saint Nazaire ou Saint Pierre des Corps), mais ces chantiers ont en fait couvert la totalité du territoire.

Cette exposition photographique est aussi agrémentée de vidéos telle que celle-ci (avec Pierre Mondy en dedans), qui retrace l’histoire de l’habitat humain, jusqu’à cette période de reconstruction, qui est définie comme la panacée ultime :



Pierres oubliées 1952, réalisateur : Serge de... par developpement-durable

Et c’est en partie là que le bât blesse. Il manque selon moi trois aspects à cette exposition :

• Le devenir de ces cités soi-disant idylliques, qui ont montré leurs limites cinquante ans après leur construction :

• Un focus sur Tours, il y a dans l’exposition toutes une salle sur Orléans, il est dommage que ce ne fut pas Tours, qui soit mise en avant. Les données existent (Dan nous a parlé d’un bouquin sur les bombardements), et la reconstruction en ilots a été faite sur le même principe (voir le blog ad hoc, déniché par Matfanus). Cela aurait été plus facile pour les parents (ou les enseignants, à qui les gens ayant préparé l’exposition ont pensé en réalisant un formidable dossier) de continuer à expliquer en déambulant dans les rues autour du château.

•  Il manque enfin des éléments sur l’aspect humain de cette reconstruction. Pas une photo de Brest, et encore moins sur les grèves qui ont secoué cette ville au Printemps 1950, liées aux mauvaises conditions salariales des ouvriers du bâtiment, et qui ont donné lieu à des manifestation au cours de laquelle « un homme est mort ». Edouard Mazé qu’il s’appelait, et même qu’un film fut fait par René Vautier sur ces tragiques évènements. Film dont il ne reste presque plus rien si ce n’est quelques minutes dans un autre, intitulé « les Dockers ». Mais cette histoire vous pouvez la lire dans la bande dessinée de Kris et Davodeau.

Mais bon, cette exposition m’a beaucoup plu, aussi bien au niveau technique qu’au niveau humain. Il y a notamment un reportage dans un magazine qui tente de répondre à une question redondante à chaque élection : « mais pour qui vont voter les ouvriers ? », reportage photo chez deux ouvriers mineurs, l'un communiste, l'autre socialiste :

Enfin, les photos sont vraiment belles et devraient intéresser les nombreux photographes qui étaient présents au dernier apéro-web, comme Elmer (prochaine fois, je saurai t’arracher ton secret des photos à 360° !)

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