Un homme est mort

En janvier 2007, France Info a décerné son prix de la bande dessinée d'actualité et de reportage à "Un homme est mort" (scénario : Kris - dessins et couleurs : Etienne Davodeau). Ils ont eu bien raison car cette bande dessinée est une grande bande dessinée.

Elle raconte deux histoires en une : au premier plan elle raconte le travail de René Vautier, cinéaste qui vient de réaliser Afrique 50 et vient d'être appelé par la CGT pour témoigner de la grêve des ouvriers chargés de la reconstruction de Brest, rejoints par les ouvriers de l'arsenal et le dockers. C'est ce mouvement social le décor et la deuxième histoire de cette bande dessinée. Cette grêve a commencé en mars 1950, et l'arrivée de René Vautier correspond à un durcissement du mouvement. Les ouvriers ne travaillant plus depuis la mi-mars la Mairie a promis de donner une aide alimentaire d'urgence. Mais le 14 avril, Marie Lambert, députée communiste, accompagnée de femmes venues chercher cette aide promise, est expulsée manu militari de la Mairie. L'ambiance est donc explosive et la CGT souhaite que René Vautier filme les évènements afin d'avoir un témoignage audivisuel.

Le lundi 17 avril, une grande manifestation est organisée. La présence policière est importante et la tension est forte après un mois d'affrontements. Et là l'irréparable se produira : Edouard Mazé sera mortellement touché.

Le travail de René Vautier commencera le lendemain lors de la manifestation en mémoire d'Edouard Mazé.

Ces images sont les dernières du film de René Vautier, ce dernier s'étant disloqué.

Si cette bande dessinée vous interesse, je ne peux que vous inviter à consulter l'extrait et le dossier sur le site de Futuropolis.

Ce n'est pas sans un certaine émotion que j'ai lu cette bande dessinée en pensant à mon père qui était âgé d'une dizaine d'année à l'époque et qui m'avait déjà raconté de grandes grèves durant lesquelles son père, ouvrier à l'arsenal, allait pêcher en rade de Brest pour nourrir ses copains en grêve. Là, grâce à Davodeau, je peux planter un décor sur cette partie de notre histoire familiale et je l'en remercie.