mardi 3 février 2009

Dans lequel le second paie sa dette


Pierrot est chez son oncle et sa tante pour échapper aux bombardements sur Brest. Il a malencontreusement laissé s'échapper le cochon familial ce qui a provoqué la colère de sa tante. Celle-ci l'a menacé de « l'envoyer à la Dame Blanche ».Le soir, alors qu'ils rentrent à la maison, l'oncle accepte de raconter.
L'histoire commence donc il y a très longtemps. Des naufrageurs habitaient alors dans la région.Pendant leur retour à la maison, son oncle raconte à Pierrot le naufrage d'un navire Hollandais, chargé d'oranges. Pierrot comprend, malgré les silences de son oncle, que quelque chose de terrible est arrivé au jeune capitaine de ce vaisseau.
L'épouse du capitaine arriva peu après à Audierne, car quelque chose lui paraissait étrange dans cette histoire de naufrage. Un groupe d'hommes rencontrés « chez Jeanne Plomb » accepte de la conduire sur les lieux le lendemain.
En rentrant chez sa tante avec son oncle, alors que la nuit tombe sur la lande, Pierrot s'inquiète pour elle qui doit rentrer seule dans la nuit.
Alors qu'elle se prépare pour son rendez-vous, l'épouse du capitaine est prévenue par la maréchaussée que Paol a été retrouvé mort au pied de la falaise. Pierrot écoute son oncle en regardant évoluer une chouette effraie dans le ciel.

« Paol courait maintenant à perdre haleine le long de la falaise. Il avait commencé par sentir une présence marcher, ou plutôt flotter tant elle ne faisait pas de bruit, derrière lui. La troisième fois qu'il se retourna il la vit ! C'était la Dame du bistrot. Ou plutôt le fantôme de cette dame. Elle paraissait n'être faite que de vapeurs et on distinguait le paysage au travers elle. Il hurla de terreur lorsque son sourire bienveillant grandit jusqu'à faire apparaître des crocs si pointus et luisants qu'on les aurait dit sortis de la bouche d'un diable !

Il commença à courir, la Dame Blanche glissait dans les airs à sa suite. Tout en courant, il jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule et vit qu'elle avait disparu comme par enchantement.

Il s'arrêta pour reprendre son souffle. Regarda l'horizon, la mer s'étendait à perte de vue. Un nuage passa devant la lune. Il se pencha pour voir où il était rendu et s'aperçut qu'il était juste au-dessus de la grève sur laquelle ils avaient alors fait échoué ce bateau hollandais. « bon plus qu'une petite demi-heure de marche et je serais à la maison. ». En se redressant, il l'entendit. La chouette semblait tourner autour de lui, sans qu'il ne puisse la voir. Il sentit un coup de vent dans son cou, la chouette venait de le frôler. Pris de panique il se tourna en tous sens pour voir où elle était allée. Il la vit se poser sur le poignet de la Dame Blanche qui se tenait à quelques dizaines de mètres de lui dans la lande.

Il recommença à trembler, puis s'agenouilla en présentant sa montre en offrande :
« reprenez la cette montre ! Je sais bien qui vous êtes ! Reprenez la je vous en prie et jhe demanderai à mes compagnons de vous rendre à leur tour l'anneau et la bague !
- trop tard Paol ! Le mal est fait, il va falloir payer pour le malheur que tu m'as fait endurer !
- Allons Madame, faites preuve de coeur !
- Du coeur ? Mais mon pauvre, c'est toi même qui l'a arraché cette nuit de tempête en achevant mon mari ! »
Et la Dame leva son poignet pour libérer la chouette. Celle-ci prit son envol, monta monta monta le plus haut possible, avant d'entamer une chute vertigineuse qui se termina dans la poitrine du pauvre hère. Celui-ci déséquilibré, trébucha et tomba au bas de la falaise. Une plume de chouette dans la main. »


« Pierrot ! Debout ! On est dimanche ! Il faut que tu ailles te laver ! On va à la messe ! »

Pierrot se leva difficilement, il avait eu beaucoup de mal à s'endormir la veille, rêvant sans cesse de chouettes, de Dame Blanche, de vengeance et de mort. Sa tante ne croyait pas si bien dire, tous ces rêves l'avaient mis en sueur, plus que s'il avait couru aux côtés de Paol. S'il ne voulait pas que sa tante ait honte de lui à l'église, il allait falloir qu'il se frotte bien ce matin.

« Tiens, ton oncle est parti nourrir le cochon mais il t'a laissé ça, il l'a trouvée devant la maison ce matin et m'a dit que ça te ferait plaisir. »

Pierrot prit d'une main tremblante la plume blanche pour moitié et marron pour l'autre. Puis l'observa avec attention. Il remarqua qu'elle formait une sorte de peigne sur le côté le plus court.

Son oncle rentra alors dans la salle :
« Alors t'as vu ? La chouette semble nous avoir suivis hier soir dis donc ! ». Voyant Pierrot se ratatiner devant son bol fumant, il ajouta vite : « Sûrement pour nous protéger, elle a dû voir que tu avais eu un peu peur, alors la Dame Blanche a dû vouloir te protéger, elle ne s'attaque qu'aux personnes mauvaises, tu sais.
- Oui mais j'avais pas barré le cochon !
- Oh ! Allez ! C'est oublié ça et puis tu nous as bien aidé depuis pour réparer ta bêtise ! »

Pierrot retrouva le sourire. Engloutit son café et sa tartine et se rua vers la bassine en zinc. Sa tante lavait rempli d'eau chaude. Cela fumait fort. Il pénétra dedans avec délice et se lava.

Sur le chemin de l'église, Pierrot tira la manche de son oncle :
« J'ai rêvé de la Dame Blanche cette nuit ! Elle se vengeait du premier gredin ! Mais qu'est-ce qu'ils sont devenus les deux autres ? Ils lui ont rendu les bijoux de son mari ?
- Oh ben ils n'en ont pas eu le temps, et pour cause : ils ont été retrouvés morts avant.
- Ha bon ? Mais où ? Et comment ? »


« Lorsque les gendarmes quittèrent les deux compères de Paol pour aller voir la Dame hébergée à l'Hostellerie du Roi Gradlon à Audierne, ils n'avaient plus trop le coeur à travailler. Ils informèrent le patron qu'ils allaient chez « Jeanne Plomb » pour s'en jeter un et qu'ils reviendraient plus tard. Le patron eut beau gueuler que ça ne se passerait pas comme ça, ils semblaient tellement absents, qu'il abandonna vite ses cris.

Ils s'installèrent à une table en retrait et commandèrent deux pichets.

« mais bon dieu, on lui avait dit de pas passer par la côte...
- qu'est-ce tu crois qu'il lui est arrivé ?
- ben t'as entendu comme moi, non ? Les hurlements, le rire de dément, les cris de chouettes... Non tout ça ça sent pas bon ! La Dame d'Audierne serait une sorcière ou une banshee que ça ne m'étonnerait pas...
- une banshee ?! Mais elle a l'air tout à fait vivante !
- c'est vrai... mais bon... on sait jamais avec ces choses là... faut qu'on fasse quelque chose ! L'anneau tu l'as gardé ?
- ben non, j'l'ai mis au clou.
- faut le récupérer, après on va à Audierne, on laisse tout à son intention à l'Hostellerie et on essaie d'oublier cette histoire...
- oublier, t'en a d'bonnes toi ! Mais bon tu as raison, faisons comme cela, elle nous laissera très certainement la paix. Bon je file essayer de récupérer l'anneau chez l'usurier et on se retrouve ici.
- je t'attends là. Au passage commande donc un autre pichet, j'ai soif !

Le second gredin fila le plus vite qu'il put chez l'usurier. Il trouva porte close. « merdre, il faut que je le récupère ce satané anneau ». En faisant le tour de la masure, il remarqua une planche déclouée. Regardant autour de lui, il la souleva, puis se glissa dans la pénombre de la pièce principale. Il entendit pleurnicher.

« Mais puisque je vous dis que je n'y étais pas...
- je le sais, » répondit une voix semblant surgir des profondeurs de l'obscurité. L'intrus sursauta.

Cette voix de femme, du moins ressemblait elle à une voix de femme si l'on se concntrait pour oublier les accès caverneux, lui rappelait quelque chose. Ne demandant pas son reste, il se retourna pour ressortir par où il était entré, mais la planche se repositionna sèchement à sa place d'origine. Il tenta de la faire bouger, mais rien n'y fit.

« Qui est là ? Au secours ! Aidez moi !
- Allons « rapace », tu sais bien que tu ne risques rien ! Par contre toi qui essaies de fuir comme un rat, il se pourrait que ma chouette ait faim ! »

Les gendarmes ne réussirent à ouvrir que longtemps après la masure de l'usurier. Ils avaient été alerté par une voisine qui avait entendu hurler dans la masure. Ils y découvrirent le prêteur sur gages, effondré dans ses sanglots. Il ne parlait que de chouette en colère, de Dame Blanche revenue d'outre-tombe et d'oreille tranchée.

Les pandores allumèrent une bougie et découvrirent sur le tableau clouté de l'usurier une oreille tranchée. Accrochée à un clou, sous lequel était inscrit « le 12 novembre, une anneau d'or, 1 écu ».
Au pied du tableau un corps gisait, démantibulé. Les gendarmes en s'approchant soulevèrent un nuage de plumes blanches. »


« Ah ça y est nous y v'là ! Pierrot, tu es sage, hein, et t'écoutes bien le sermon de Monsieur l'Curé ! »

15 commentaires:

  1. Elle va finir en rouge "la dame" !

    @ +

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  2. La chouette n'aura bientôt plus de plumes… Palpitant ce feuilleton, Gaël!

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  3. On attend la suite.
    A propos de suite, le second volume de Mayas par Georges Ramaïoli fait l'objet d'une petite note ce soir (teaser quand tu nous tiens!)

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  4. Non mais tu as une plume qui pousse dans la main là ? C'est le froid qui te métamorphose ?

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  5. Oui, une sacrée plume :)
    Ca fait peur, le début de cet épisode, brrr!
    Bravo, bravo, bravo ! Vive les blogueurs à poils et à plume !

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  6. @Eric une dame rouge ? sera t'elle de coeur ou de carreau ?

    @le coucou oh ça doit repousser (enfin j'espère pour la pauvre bête, à ce propos je signale qu'aucun animal n'a été maltraité pendant le tournage...)

    @Adrien je préfère une plume dans la main qu'ailleurs :) je n'ai jamais été trés fort en spectacles vivants !

    @Marie-Georges le début fait peur, oui et je n'ai même pas mis en place la signalétique qui devait le dire... pardon :)

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  7. je pense que j'ai réussi le test, je vais devoir payer ma dette :)

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  8. Un petit retour pour te dire bravo pour ton classement!

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  9. Pff me voilà snobé dans les réponses de Gaël à ses commentaires...

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  10. @Ferocias vraiment désolé ! surtout qu'en voyant ton commentaire je m'étais dit qu'il fallait que j'aille voir ce qu'était le Yutacan si différent du Yucatan !

    @Comm&come pas de dette entre nous, il faut bien s'entraider

    merci lecoucou, mais tu sûrement monter encore, ce serait mérité avec des billets comme celui sur les martiens

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  11. ouf, ça y est j'ai rattrapé tout mon retard de lecture! Je suis prête pour la suite...
    mais si j'ai peur de quelque chose, c'est de devoir lire un sermon entier dans le prochain épisode...

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  12. J'aime bien quand l'encre vire incarnat...

    Cette conversion à l'écriture d'imagination est étonnante ; nègre, stagiaire, produits stupéfiants ?

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  13. La réponse sur le Yucatan si différent du Yucatan a été donnée ce soir.
    :-)

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  14. Très chouette, ce feuilleton !!! ;)

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  15. @Tulipe : la suite ne devrait pas trop tarder promis ! pour le sermon j'en serais bien incapable, je crois bien que je n'en ai jamais vu :)

    @Mtislav aucun des trois, promis, juste un peu de houblon parfois :)

    @Ferocias oui j'ai vu ça et je me suis régalé

    @b.mode merci

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