Qu'est-ce qu'un emprunt toxique ?
Nous parlions hier des PPP, et des
raisons de leur existence : la difficulté pour les pouvoirs publics
à s'endetter et leur préférence à faire supporter cette dette au
secteur privé dans des domaine aussi variés que l'éducation, la
santé ou les infrastructures de transport (Tassin
abord le rail aujourd'hui). Mais parfois, le secteur public,
comme tout le monde recourt à l'emprunt pour des projets ne
permettant pas le passage d'un contrat de conception-réalisation
voire de gestion ultérieure.
Pour passer ces emprunts, les pouvoirs
publics se tournaient donc vers les banques et tentaient de négocier
les taux d'emprunt, comme n'importe quel quidam.
Mais comme n'importe quel quidam, les
pouvoirs publics se sont retrouvés face à des banques (Dexia
étant leur principal pourvoyeur de prêts) qui ont refourgué
sans vergogne des prêts avec deux types de taux suivant la phase de
l'emprunt :
un taux fixe pendant une durée de
trois ou quatre ans, en début de prêt
un taux variable indexé sur le yaun,
le dollar, le franc suisse, l'âge du capitaine, le prix de la
rollex,... pendant une période de 15 à 20 ans. C'est la phase dite
« structurée »
Or en 2008, quand la crise a débuté
avec l'affaire des subprimes, et la chute de Lehmann Brothers, ces
taux variables se sont envolés.
Avec comme résultat une véritable
envolée des taux de remboursement. Prenons par exemple la Commune
d'Unieux qui s'est retrouvé avec un taux passant de 3,68 % en début
à 24,8 % en 2011 (source mediapart),
ou bien le SIDRU (un syndicat intercommunal chargé de la gestion des
déchets ménagers en autour de Saint Germain en Laye) qui est menacé
par des taux atteignant 105 % à en croire cette courbe...
Ces emprunts ne devraient pas exister
dit
Thomas Piketty, mais pour l'instant, on craint surtout une
faillite de certaines collectivités.
Qui est touché localement ?
Libération
vient de publier une note de Dexia recensant 5 500 collectivités
impactées par les emprunts toxiques. Et en a fait une carte,
montrant que tout le monde est touché.
Tout d'abord, première impactée : la
Région Centre
Nom de l'emprunt | TIPTOP EURIBOR |
Type d'emprunt | Structure complexe d'options sur taux d'intérêt |
Date de début | 9/3/2007 |
Date de fin | 9/1/2015 |
Montant | 2 714 000 € |
Surcoûts | 141 000 € |
Ratio surcoûts/montant | 5.2 % |
Banque de contrepartie | DEXIA BANK BELGIUM |
Au niveau des structures intercommunales on trouve la communauté de communes du Val d'Amboise avec deux emprunts (finissant en 2021 et 2036) :
Nom de l'emprunt | TOFIX DUAL FIXE |
Type d'emprunt | Structure complexe d'options sur cours de change |
Date de début | 10/15/2006 |
Date de fin | 1/2/2036 |
Montant | 2 776 000 € |
Surcoûts | 1 042 000 € |
Ratio surcoûts/montant | 37.54 % |
Banque de contrepartie | JP MORGAN |
Nom de l'emprunt | TIPTOP EURIBOR - D |
Type d'emprunt | Structure complexe d'options sur taux d'intérêt |
Date de début | 5/5/2005 |
Date de fin | 5/3/2021 |
Montant | 1 654 000 € |
Surcoûts | 73 000 € |
Ratio surcoûts/montant | 4.41 % |
Banque de contrepartie | DEXIA BANK BELGIUM |
Et les communes :
Amboise, Chinon (3 emprunts courant
j'usqu'en 2033 et 2027 avec des taux à 42%, 22 % et 11 %) , Loches,
Ballan Miré, Montbazon, Chambray-lès-Tours, Joué-lès-Tours fin en
2013), Saint Avertin, Saint Pierre des Corps, Loches, Château
Renault, La Ville aux Dames, Cinq Mars la Pile. Détails dans le pdf
Le risque de ces emprunts toxiques ?
Une « augmentation des impôts locaux et un déficit de
services publics » conclut
Le
Monde.
Encore un coup des Belges.
RépondreSupprimerpas que mais beaucoup oui
RépondreSupprimer