La RGPP (acronyme de Révision Générale des Politiques Publiques) fait la part belle aux suppressions de postes de fonctionnaires. Cette mesure, cheval de bataille du candidat Sarkozy en 2007, fait plaisir à un électorat considérant tous ces fainéants comme des inutiles (voire des parasites) et surtout des chieurs tout le temps en grève ou qui boivent le café à longueur de journée !
Cette mesure phare a pour objet de faire faire des économies à l'Etat qui ne peut plus assumer l'entretien d'une telle cohorte de salarié(e)s vivant grassement sur le dos des braves contribuables qui eux rament dans le privé ! Je grossis le trait volontairement car j'adore rappeler à ces électeurs de Sarkozy (que certains qualifient de ducons, et je les comprend au vu des prochaines mesures « sociales » qui vont nous tomber dessus sans crier gare) que parmi ces sales feignasses on retrouve notamment et pêle-mêle :
bref que des gens qui foutent rien de leurs journées et qui n'apportent absolument rien à la nation !
Les mesures qui me font sourire dans le rapport présenté le 8 avril dernier par Eric Woerth sont les suivantes :
dans tous les ministères, les réformes identifiées permettent de mutualiser certaines tâches de support (le back office) et de développer l’externalisation sur des fonctions qui ne sont
pas au coeur du métier de l’État. (page 6)
Ce constat n’est pas original : le Canada, la Suède l’ont fait avant nous. Il les a conduits à
privilégier une remise en cause profonde des politiques publiques, pour les rénover. Ces
pays ont fait la preuve qu’une révision ordonnée de l’existant permettait à la fois de réduire le niveau des dépenses publiques et d’améliorer la qualité du service public. (page 13)
Ces mesures et déclaration me font sourire car la note de Veille d'avril 2008 du Centre d'Analyse Stratégique nous apprend que
« la Suède se démarque par l’ampleur de l’ajustement opéré de 1990 au début des années 2000 : baisse de plus d’un cinquième de l’emploi des SGA (qui représentaient un quart de l’emploi public). Sur la base plus large de l’emploi au sein des APU, la baisse cumulée, en 10 ans, est de 15 %. L’impact sur le taux d’administration est particulièrement élevé (- 31,2 %). Mais malgré cet ajustement important en 2006, les niveaux de l’emploi public et de la masse salariale correspondante demeurent, en Suède, parmi les plus élevés des pays développés, notamment devant la France. La Suède reste le pays de l’OCDE le plus « administré », avec le Danemark »
La RGPP compare donc des taux d'administration peu comparables... On nous propose de baisser le nombre de fonctionnaires parce qu'un des pays les plus « administrés » de l'OCDE l'a fait (et encore sans réussir à passer derrière la France, régulièrement présentée comme un pays de fonctionnaires...
« Le Canada se démarque de ces pays puisqu’il accuse un taux d’administration encore plus élevé en fin de période. Cette hausse est essentiellement imputable, depuis 2000, à la croissance continue et forte des effectifs dans les administrations fédérales et locales. »
Là encore, on peut se poser des questions sur les pays cités en exemple par Eric Woerth... Le Canada après avoir fortement baissé son taux d'administration s'est retrouvé obligé à le faire remonter par le biais des structures locales... Ce mouvement est déjà en cours en France puisque les différentes Lois de décentralisation obligent les Conseils Généraux et Régionaux à reprendre d'anciens fonctionnaires d'Etat pour assurer des missions qui étaient jusqu'alors assurées par lui (routes nationales devenues départementales, RMI, ...). en même temps ça ne peut qu'arranger l'UMP de transférer les charges vers les échelons locaux, ceux-ci étant majoritairement présidés par le PS ou ses amis. Et sur ce point, le Centre d'Analyses Stratégiques me rejoint :
« Au total, entre 1980 et 2006, le reflux des dépenses publiques n’est pas principalement le fait d’une baisse des dépenses de fonctionnement (rémunérations et consommations intermédiaires) dans le prolongement d’une restriction des effectifs. L’essentiel de la baisse des dépenses publiques (tableau 3B) est dû, lorsqu’elle a lieu, à une baisse relative des dépenses de transfert – lesquelles englobent notamment les prestations sociales (Nouvelle-Zélande, Pays-Bas) – ou des intérêts de la dette (Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni). »
Enfin il est à noter que la compression des effectifs de la fonction publique peut entraîner une hausse des dépenses. En effet, ce qui n'est pas fait par des fonctionnaires, il faut bien le faire faire par le Privé (qui n'est pas forcément désintéressé... et a donc un coût parfois supérieur).
« Si l’effort de contraction de l’emploi public a permis une économie réelle pour certains pays (Suède, Danemark), pour d’autres l’effort est compensé, à long terme, par la hausse des consommations intermédiaires, imputable aux phénomènes de sous-traitance et d’externalisation. »