vendredi 28 mai 2010

Handicap International lance une nouvelle campagne

Arf nous a parlé récemment de ses souvenirs militaires, dans la marine. En plus d'évoquer en moi de très beaux  ouvrages de Christophe Blain (dont Disparitus nous vantait dernièrement la dernière livraison), cela m'a rappelé que moi z'aussi je suis devenu un Homme sous le drapeau de ma patrie. Hé oui il fut un temps où notre belle nation envoyait les jeunes garçons pré-pubères en centre de vacances pendant 12 mois puis 10, pour en faire des z'Hommes. 

Bon je vous l'avoue quand j'ai su que ma demande de service-ville (oui on avait aussi la possibilité de donner plus de temps mais cette fois au service d'une association : c'était un consensus entre l'objection de conscience et le fait de faire un tour de caserne) avait été rejetée, je l'avais un peu mal pris. Et quand j'ai connu ma destination, encore un peu plus. Car on m'a envoyé à Châteaulin, dans un régiment de l'armée de terre, celui de la Reyne, le 41ème RI pour être précis. Cette décision unilatérale du Ministère de la Défense m'avait bien miné, car la réputation de ce régiment était d'être un régiment semi-disciplinaire, destiné à mater les fortes têtes. Il était bien connu dans la région, et les copains qui y étaient passés avaient tous des histoires plus affreuses les unes que les autres à raconter.

En août 1998, je déposais donc mon barda là-bas et en route pour un mois de classe. On en menait pas bien larges tous en arrivant. Je me souviens de l'entretien d'incorporation et d'un copain répondant "maîtrise de mécanique" au sergent-chef instructeur. Celui-ci le regardant dubitatif "mécanique - mécano ?" "euh non, mécanique quantique, les sciences physiques tout ça..." "Hop ! mitrailleur !" "C'est à dire ? mitrailleur ? que voulez vous dire par là ?" "alors d'abord c'est : "que voulez vous dire par là, CHEF ! " et ensuite mitrailleur ben c'est mitrailleur sur un VAB, faut pas sortir de l'université de la cuisse de Jupiter pour comprendre, bordel !". Voilà en gros pour le bizutage. S'en suivirent 1 mois de "classes" à apprendre à marcher au pas, démonter remonter des famas, avec quasiment aucun contact à l'extérieur. Et puis, le dernier jour d'août, le "formateur" arrive avec un immense sourire :
"aujourd'hui, technique de protection des bivouacs par la pose de mines anti-personnelles"
léger brouhaha dans l'assistance
"Quoi ? qu'est-ce qu'il y a ? Vous croyez qu'en temps de guerre on fait du camping comme ça tranquillou ? Ben non les gars ! les mitrailleurs (et là je pense au copain du premier jour) qui ont bien profité du paysage ils établissent un périmètre de sécurité. Ils posent des mines tout autour.
"Chef ?
- Oui première classe?
- Vous savez quel jour on est là, non ?
- le 31 août 1998 trouffion ! pourquoi tu l'sais pas toi ?
- Euh si CHEF (on commençait à être fort en grades), je veux juste vous dire que c'est l'anniversaire de la mort de Lady Diana, et que l'on parle de plus en plus d'interdire ces mines...
- Mais les gaziers, j'avais vous dire un truc tout con, moi des mines anti-personnelles j'vous en fais avec une balle et, je sais pas moi, une balle de tennis tiens ! C'est pas parce qu'ils vont interdire ces mines qu'elles vont disparaître !

Nous suivîmes donc un cours "magistral" sur la pose et le camouflage des mines. A la fin, l'un d'entre nous demanda si on les retirait en partant le lendemain matin. Le sourire du Chef fut sa seule réponse.


Où veux-je en venir, vous demandez vous ? à la nouvelle campagne d'Handicap International, signalée par Rimbus : "le Don change la Donne". Chacun de nos petits dons deviennent de petits dominos, qui pris séparément ne changeront pas grand chose, mais grâce au travail de cette association contribuera à la prévention, au soin des victimes et à leur réintégration dans la société.


Je sais Manu, je sais, l'influence des blogs toussa, mais c'est pareil si chacun d'entre nous fait un petit billet, qui sait ?
~~~~~~~~~~~ Bookmark and Share

5 commentaires:

  1. Petite replongée dans mes souvenirs et dans un univers assez étonnant (que je ne regrette pas !).

    RépondreSupprimer
  2. AhAhAh ! parce que t'es allé à Chateaulin, toi :)

    On m'a toujours dit que c'était un camp semi-disciplinaire... ça se confirme alors ;-)))

    RépondreSupprimer
  3. @des pas perdus aucun regret non plus

    @dadavidov j'ai fermé cette caserne c'etait donc plus "cool" que ça ne l'avait été. En plus on nous avait mis gardiens de la caserne et de son règlement et comme un règlement écrit par et pour des militaires est un délice à faire respecter on espère avoir vengé un peu les appelés passés avant nous en faisant légèrement chier les engagés

    RépondreSupprimer
  4. Je te soutiens à fond. Ceci dit caser Handicap International au milieu de 2 conneries et 3 coups de gueule, ça va pas être simple..

    RépondreSupprimer

laissez moi un commentaire, ça fait toujours plaisir

(ne vous fâchez pas par contre, j'ai modéré les commentaires pour les billets ayant plus de 5 jours)