Avant que
Yann
ne lance une pétition contre le communautarisme breton je continue vite
fait une mini-série sur les Bretons en Touraine, commencée par les
relations
pugilistico-économiques des premiers siècles de notre ère (et comme
Nicolas
menace de lancer son coup de pied vers mon auguste fessier si je continue à me
laisser aller à la procrastination) . Pourquoi une telle série ? Peut-être
pour répondre à ma façon à quelques
fâcheux fachisants
en appelant à une supposée « culture tourangelle » vieille de mille
ans et plus et qu’il faudrait sauver. De quoi ? D’une invasion semble t’il.
Comme si la Touraine, étape de pèlerinages,
puis terre royale, terrain militaire en 1870,
etc… n’avait connu aucun brassage culturel. Alors regardons par le petit bout
de la lorgnette, avec les traces des passages de bretons sur ces terres
tourangelles. En finissant par nos jours avec des blogueurs comme
Elmer par exemple.
2000, j’arrive en Touraine après quelques années passées en
Normandie. Ne connaissant pas grand monde, voire personne, je fais un peu le
tour des troquets, et puis j’invite des copains à venir visiter (notamment ceux
restés en Normandie et continuant à se morfondre sous l’aimable climat
crachineux). Ainsi
Jeepee
vint, avec sa douce et tendre. Je ne sais qui les connaissait d’entre nous
trois, toujours est-il que nous décidâmes d’aller
nous dégourdir les jambes
boire des godets lors d’un fest-noz à
Saint Pierre des Corps,
la bolchévik.
Oui un fest-noz. Organisé par une association de parents d’élèves (notre
participation à la buvette permit je pense à quelques dizaines de petits
corpopétrussiens d’apprendre à pédaler sur de rutilantes machines je pense). Devaient
y jouer un groupe tourangeau qui commençait à se faire une petite réputation
dans le monde des cercles celtiques, et au-delà, puisqu’un de nous trois avait
déjà entendu le nom de ce groupe : Wig a Wag.
Ce fut une véritable claque d’entendre ce groupe. Je me
retrouvais quelques années en arrière devant les Ar Re Yaouank tant ils
dégageaient d’énergie sur scène. Cyrille Bonneau sachant sonner aussi beau que
les frères Guichen.
Avec un supplément d’âme
offert par le chant de Loïc Chauvigny, et ses anecdotes. Le nom du groupe par
exemple. Wig a Wag est en fait le bruit que feraient les roues de la charrette
de l’ankou. Celui qui l’entendrait sachant sa fin proche. Mais là devant ce
groupe c’est forcément une mort d’épuisement qui s’annonce, tant même des
piliers de buvette de fest noz sont entraînés à rejoindre an dro, cercles
circassiens, gavottes, scottishes ou ronds de Loudéac. Ces deux tourangeaux d’origine
bretonne ont donc fait plus que faire de la musique de fest-noz, ils ont ouvert
de nouvelles perspectives à celle-ci.
Le
titre de l’album d’alors « An Naer O Nijal » que le chanteur a dû
expliquer (mais bon c’était il y a plus de dix ans, hein…) intriguera les
passionnés de culture pré-colombienne (la traduction en est : le serpent
volant, est-ce à dire que Quetzacoatl aurait connu les embruns bretons ?).
Le dernier titre quant à lui reprend des vers de Tristan Corbière. Bref un
album riche, puissant comme l’est mon souvenir de ce fest-noz.
Aussi quand ce matin je me demandais ce que j’allais
proposer pour une participation
au
grand des mangeurs de disques dont le thème aujourd’hui est « au
hasard Balthazard » et que je tombais sur lui, je me dis qu’il fallait que
j’en parle de ce fest-noz. Et du fait qu’actuellement encore des Bretons sont
en Touraine.
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