Il y a des jours comme ça tu préfèrerais être en vacances comme
certains plutôt que de parcourir la presse, surtout dans le domaine dans
lequel tu baignes. Aujourd’hui c’est le cas, et donc je vais encore repousser
ma participation au dico des blogueurs et à la radio de l’été.
Ce matin, deux articles sur le monde merveilleux des
déchets. Le premier dans Le Monde Planète, par
Gilles van Kote, qui donne la parole aux élus locaux qui se retrouve,
souvent un peu poussés par les collègues qui préfèrent s’occuper de sujets
autrement plus glamour comme le développement économique ou la culture, qui ont
la charge des montagnes de merdouilles que nous produisons jour après jour. Ces
élus, se retrouvent face à des enjeux techniques, réglementaires et financiers
assez énormes. D’un côté la réglementation évolue à vitesse grand V (on est
passé du cantonnier qui mettait dans un trou les poubelles ramassées dans la
commune dans les années 60, à des schémas de tri de plus en plus complexe avec
2,3 voire plus poubelles, des déchèteries dans lesquelles il faut trier plus d’une
cinquantaine de familles de déchets), les traitements sont de plus en plus
onéreux pour mieux protéger l’environnement et les populations environnantes,…)
et comble du comble la production de déchets ne cesse d’augmenter. Tiens, par
exemple dans
le Chinonais, on en produisait 222 Kg par an par tête de pipe en 1984, en
2011 c’était 330 Kg, soit une augmentation de 100 Kg par an par personne. Et cette augmentation, tout le monde en est
responsable. Il y a bien sûr les méchants industriels, qui mettent plein d’emballages,
voire qui misent gros sur l’obsolescence programmée. Mais si on prend le petit
bout de la lorgnette des emballages, il faut aussi se demander si les
consommateurs ne sont pas aussi en partie responsables, via le législateur :
en effet, la masse d’information pour un produit est maintenant telle qu’il
faut avoir du temps pour tout lire. Et puis une société qui jette autant, les
citoyens qui la peuplent ont bien une légère part de responsabilité, non ?
+ 100 Kg par habitant et par an en 30 ans, ça commence à faire pas mal. Le mythe
du « consomme pour être heureux » ne vit que parce qu’on le veut
bien. Y a-t-il un véritable intérêt à changer de téléphone portable avant sa
mort clinique, voire
par noyade comme pour le sagem de Nicolas ? L’imminence d’un évènement
sportif justifie t’il de changer sa télé par un écran plat qui fait dolby
surround ? Et donc nos élus locaux se retrouvent avec trois impératifs :
ü
- Une capacité contributive de leurs concitoyens non extensibles
- Une imagination débordante de l’industrie qui nous créé des déchets nouveaux en veux-tu en voilà (certaines marketteurs de génie travailleraient actuellement sur des paquets de cornflakes lumineux et sonores pour attirer le chaland, transformant des bêtes boîtes en carton en déchets électroniques)
- Une législation qui se durcit et qui tire un peu dans tous les sens, au niveau européen notamment
Le second article qui m’a mis en rogne ce matin est une
illustration de ce problème réglementaire. On a donc d’un côté nos élus, aidés
de services techniques et administratifs, qui cherchent des solutions pour
traiter une montagne de déchets et essayant d’en recycler une partie de plus en
plus importantes, pour deux raisons principales : la protection de l’environnement
(par la préservation des matières notamment) et des coûts qui s’envolent. Mais
aussi pour répondre aux exigences d’une réglementation européenne qui pousse à
des tris pour de plus en plus de matières, fermant pour cela le recours à l’enfouissement
de plus en plus. Car au final, les déchets qui ne peuvent pas être recyclés,
ceux qu’on appelait ultimes à une époque, sont soient incinérés soient enfouis.
Et de l’autre côté la nébuleuse des associations de protection de l’environnement.
Quelque soit le projet, je dis bien quelque soit, vous aurez toujours une
association qui sera contre, voire qui naitra pour montrer son opposition. Ceci
est simplement dû au fait que le syndrôme du NIMBY (Not in my backyard, pas
dans mon jardin pour les non germanophones) est fortement ancré, ce que je
comprends tout à fait, moi en tant qu’habitant d’un quartier je verrais d’un
assez mauvais œil la construction d’une infrastructure gérant des déchets, ou
produisant de l’électricité. Je suis d’ailleurs fortement opposé aux antennes
relais de téléphonie mobile (je vais finir par passer pour un arriéré, mais je
n’ai pas de portable perso, pas de gps dans ma voiture, pas de télévision à
écran plat, en fait quasiment aucun gadget high tech, n’en ressentant pas plus
le besoin que ça au final), et je hurle à chaque décollage de chasseurs sur la
base aérienne, croisant fortement les doigts pour que l’aéroport « international »
de Tours périclite s’il n’est pas capable de vivre autrement que sous perfusion
de subventions à Ryanair.
Entre ces deux camps, forcément en opposition, plus ou moins
mouchetée, il y a les « experts » et les medias. Les medias faisant
souvent recours aux experts, notamment sur ces sujets techniques et à forte
capacité polémique que sont les déchets.
Donc dans l’article qui m’a poussé à écrire ce billet, sur
Rue89, Sophie Verney-Caillat, comme Denis
Cheyssou il y a quelques mois dans CO2 mon amour, a décidé que le « tri
mécano-biologique » faisait un mauvais compost. Point. Et elle s’appuie sur des « experts ».
Notamment le réseau Compost Plus, constitué de collectivités qui ont pris le
parti de faire du compost à partir de biodéchets collectés de manière séparée,
en gras une poubelle différente pour les déchets de cuisine et de jardin. En France
il y a deux manières de voir le problème, poussé par une restriction programmée
de l’enfouissement et un besoin de certaines terres agricoles en matière
organique : soit on utilise des biodéchets collectés séparément, soit on
fait passer les déchets de tous les jours dans des unités de tri pour en
extraire la matière qui pourra être compostée. Ce débat ne peut être tranché qu’en
prenant les situations locales au cas par cas. Et en arrêtant de penser qu’une
seule méthode est la bonne. Il faut viser une obligation de résultat et non de
moyen, car si on se focalise sur la méthode utilisée on risque fort de laisser
passer une grande quantité de déchets compostables entre les mailles du filet. Surtout
que ce débat est celui lancé à l’échelle européenne et qui doit être tranché
dans les prochains mois. Et ce débat européen me permet de revenir sur la
position tranchée choisie par Rue89, on apprend dans le déchets-Infos
du 19 juin 2012, que les résultats des tests sur les composts provenant de
biodéchets collectés séparément ou issus de TMB n’étaient pas si nets que ça :
« Or selon une
source proche du dossier, ces analyses étaient en fait disponibles dans leur
presque totalité dès le 6 juin. Mais leurs résultats ne sont pas aussi tranchés
que l’auraient voulu la Commission et les pays du Nord. En clair, ils
montreraient que certains composts de biodéchets sont de qualité médiocre alors
que certains composts de TMB sont de bonne qualité. »
Ce résultat on l’attendait un peu, il avait été plus ou
moins annoncé dans l’étude
de l’INERIS d’avril 2012. La Commission Européenne se retrouve en peine de
statuer mais les experts dont la position semble défendue par Rue89 ont raison
si l’on se contente de cet article. Rien de tel pour motiver des élus locaux,
qui finiront par dire au législateur : « hé, tu nous dis une bonne
fois pour toutes ce qu’on doit faire des poubelles, et nous on le fait ».
Parce que travailler pendant des mois sur une filière pour se voir accuser au
bout du bout d’être des sales pollueurs, je pense qu’ils vont finir par en
avoir gros sur la patate.
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Tiens ! Un vrai billet. Et fort intéressant, en plus.
RépondreSupprimerIl est où mon commentaire ? Dans les spams ?
RépondreSupprimerah merci, Nicolas, et oui tu es encore en spam, il n'y a pas un moyen de dire que tu es visiteur commentateur autorisé ?!
RépondreSupprimerBillet long et complexe mais fort intéressant. Je rejoins tes conclusions sur l'ensemble. Op je partage partout!
RépondreSupprimerJ'ai rien compris !
RépondreSupprimervantard ! :)
Supprimer:-))) Excellent billet - Je confirme : mon téléphone portable a 5 ans et j'en suis très contente, ma télé est à écran plat mais vu que la cathodique nous a lâché l'année dernière et qu'il n'y en a plus en rayon, forcément ... plus de GPS (la mise à jour coûte 40 fois plus cher qu'un bête plan papier, arnaque !!), quant aux avions ... bon les avions j'acquiesce mais ayant une moitié en plein dedans ... (oui je sais c'est codé).
RépondreSupprimerUn adjoint de Tours disait qu'il fallait aussi des déchets organiques dans l'enfouissage pour faciliter la "dissolution" des déchets non organiques. Comme quoi.
oui rien n'est simple, si on enlève la matiuère organique des déchets on ne pourra plus produire d'électricité en enfouissement
SupprimerExcellent billet. Je ne suis pas acheteur compulsif et je fais attention aux emballages. Ma télé grésille mais fonctionne encore: pour moi ce n'est pas un achat à faire à la légère.
RépondreSupprimerLes gens sont bouffés par la société de consommation, mais ne se demandent pas ce que deviennent leurs déchets. On devrait les entasser chez eu pour leur montrer.
ben non c'est le principe du déchet, on le jette pour qu'il disparaisse
SupprimerJ'attends toujours une carte des lieux de recyclage de l'agglo, voire du département d'indre et loire :)
RépondreSupprimerqu'est-ce que tu appelles des lieux de recyclage ? des déchèteries ou des installations comme des plates-formes de compostage ?
SupprimerEn fait quand je parle de carte, je devrais être plus précis. Je pense que Gaël sait de quoi je parle vu que j'aid déjà posé la question.
RépondreSupprimerTouraine Propre devrait être capable de fournir l'ensemble des données géographiques et qualitatives sur les lieux de tri et recyclage du territoire à n'importe quel citoyen du coin.
Sans trop entrer dans le détail, mon commentaire porte sur le caractère OpenData de la démarche.
ah d'accord, c'est une bonne idée, en plus ça pourrait être utile à certains, tiens des ébauches sous googl maps
Supprimerhttps://maps.google.fr/maps/ms?msid=217985260253937990674.0004a8943cb508fe38814&msa=0