samedi 10 mai 2008

« Messieurs, je viens de recevoir le résultat de notre sortie de mardi matin. Bravo ! 75 % de l’objectif rempli par rapport aux estimations basées sur les données brutes nationales ! Continuons comme ça !

Ah c’est l’heure ! En route pour l’ « As des As » au croisement Poutine-Khadafi (pour les anciens : Gambetta-Blum, mais va falloir vous y faire aux nouveaux noms de rues !)

Les chaises raclèrent le ciment. Déjà, dans la cour les moteurs rugissaient d’impatience ! Comme un seul homme, ils se précipitèrent dans l’escalier.

En route, avait dit le chef !




free music

Portraits de la France qui se lève tôt (3)


Josy regarda encore par l’œilleton de la porte de service. Sur le parking, laissé dans la pénombre parce qu’il ne fallait quand même pas tenter le diable, elle devinait « leur » présence. Elle se demanda si ceux de la semaine dernière étaient revenus ou si ce n’étaient que des nouveaux. De là où elle était, elle ne discernait que des ombres, assises pour la plupart, immobiles dans leur grande majorité.

Parfois, une voiture passait dans la rue longeant le parking. La radio à fond, pour réveiller son occupant avant d’arriver au boulot. Le boulot ! Ce sacro-saint boulot ! Celui sans lequel tu n’étais plus rien mais aussi celui avec lequel tu avais maintenant tout juste de quoi te loger et te nourrir. Elle le voyait bien avec sa fille Sandrine. Malgré son travail de coiffeuse, elle habitait encore chez eux avec son fils. Alors, avec le mari de Josy ils avaient aménagé une chambre dans le salon du T2. Bon c’était pas Byzance, mais au moins, Sandrine n’était pas comme « eux ».

« Eux », justement, elle les connaissait un peu. Il y a quelques temps encore, elle leur gardait des invendus au propres pour leur donner sans qu’ « ils » aient à fouiller les conteneurs. Les invendus ce sont tous ces produits presque périmés ou bien dont l’emballage est abîmé pendant le transport ou la mise en rayon. Mais depuis quelques temps les invendus c’était aussi les produits commencés par des clients dans les rayons. Samedi dernier, les vigiles avaient attrapé une mère en train de donner à ses enfants du fromage. Elle n’avait pas de quoi payer et ça c’était fini au Poste… Le problème, c’était que ça devenait de plus en plus fréquent. Les pertes de l’« As des As » due à ce type de comportement ne cessaient d’augmenter. On était ainsi passer d’une perte de 15 % à une perte de 30 % en 2 ou 3 ans sur la totalité de la marchandise du supermarché. Certains clients venaient acheter les strict minimum et mangeaient discrètement, qui une pomme, qui un bout de charcuterie. Josy le voyait bien : les gens n’avaient plus les moyens.

Ce n’était pourtant pas ce qu’avait promis le Président en 2007 ! Avec lui on allait voir ce qu’on allait voir, claironnait-il ! Même des journaux de gauche le disait que c’était le seul candidat valable ! Alors, Josy, comme son mari et sa fille avaient voté pour lui. Et puis tout était allé très vite… Certains disaient que c’était de sa faute, d’autres que la crise était mondiale, mais tout ça, Josy elle s’en moquait un peu. Ce qu’elle voyait c’est qu’ « ils » étaient toujours plus nombreux le jour des poubelles.

Source Image

free music

jeudi 8 mai 2008

Portraits de la France qui se lève tôt (2)


Le même jour,5 heures, dépôt de collecte ouest

« Bon les gars ! En route ! » Comme tous les matins de la semaine, Bernard le contre-maître était assez rapide sur les consignes de départ. Après tout les gars connaissaient leur boulot, ramasser tout ce qui traînait afin que la ville oublie ce qu’elle avait jeté à la poubelle la veille. Ça faisait des années qu’ils faisaient ce boulot et qu’ils le faisaient bien. Oh bien sûr il y avait toujours un grincheux qui faisait retentir le standard parce que sa poubelle n’avait pas été ramassée à la même heure que la semaine précédente, mais dans l’ensemble les rapports avec les usagers étaient cordiaux (bon d’accord sauf ceux qui étaient bloqués en bagnole derrière une benne…).

Les camions commençaient à vrombrir dans la cour. Ça tu-tutait à tout rompre pendant les manœuvres des bennes qui allaient arpenter toute la ville à la recherche de ces sacs poubelles emplis de merdes pour leurs derniers propriétaires mais de trésors pour d’autres. C’était ainsi depuis toujours, mais le nombre de gens intéressés par les poubelles et surtout leur contenu ne cessait de croître depuis quelques temps.

Bernard vit s’approcher de son bureau Polo et « Biceps », tous deux membres du même équipage.

« Qu’est-ce que vous foutez encore là les gars ? Il y a un problème ? »
- Ben, commença Polo, c’est à propos de l’ « As des As » du croisement Gambetta-Blum, euh … Poutine-Khadafi, j’veux dire (depuis peu la grande mode était le renommage des rues à l’emporte-pièce). »
- Celui dont ils ont refait la déco ? Ouais, hé ben ?
- Ben on t’en a déjà causé, « ils » sont de plus en plus nombreux. Ils fouillent presque dans la benne elle-même maintenant et on est obligé de râler pour pouvoir vider les bacs. Ça peut plus durer. Bernard, faut qu’tu fasses quelque chose ! »

Bernard connaissait bien Polo et « Biceps », quelques SDF ne pouvaient pas les emmerder dans leur travail. Il y avait autre chose.

« Bon, les gars, quand vous arrivez sur site, vous m’appelez et je viens voir par moi-même où est le problème.
- OK d’accord ! bon on y va »
(cette réplique est assez inutile, je sais. Et encore avez-vous échappé à « opinèrent-ils du chef »)

Le début de tournée fut tranquille pour l’équipage de Polo et « Biceps ». Le week-end avait été beau, la moitié seulement des poubelles était présentée. La plupart des gens de leur secteur de collecte avait encore les moyens de partir quelques jours à la campagne ou à la mer. Ça arrangeait bien l’équipe car comme ils étaient à la quitte, ils pourraient rentrer plus tôt du boulot. Sur leur marche-pied, lors des passages à vide, ils se racontaient qui leur dimanche au foot pour Polo, qui leur week-end bricolage chez le beau-frère pour « Biceps ». Son beau-frère avait en effet acheté une gentille maisonnette pas trop loin de son boulot mais avec les prix pratiqués actuellement, il avait dû se résigner à acheter en sachant qu’il faudrait tout refaire. Et pour ça il comptait sur « Biceps », après tout ce qu’il faisait au black parfois pour arrondir ses fins de mois, il accepterait peut-être de le faire dans le nid d’amour de sa sœur.

Enfin, l’As des As , fin de la tournée fut-il en vue. Ce supermarché était en fin de tournée car il présentait environ 6 gros bacs à 4 roues à chaque collecte. Le volume de déchets étant donc important, il fallait parfois prévoir du renfort apporté par une autre benne d’un secteur voisin, elle aussi normalement en fin de tournée.

« Hé merde ! « Ils » sont encore plus nombreux que jeudi matin ! Bon ! « Biceps », appelle Bernard ! »


Source image



Portraits de la France qui se lève tôt (1)


« J’y vais chérie ! »

« Déjà ?! Mais il est 5 heures ! Le magasin n’ouvre qu’à 9 heures et d’habitude tu pars plus tard… »

« Ben aujourd’hui, c’est le jour des poubelles ! Et Josy m’a demandé d’être là. Elle dit que qu’elle ne veut plus le faire toute seule, qu’elle a la trouille. »

« La trouille ?! Mais de quoi ? »

« Justement, c’est pour ça qu’il faut que j’y sois. Moi non plus je ne comprends pas : ça fait 10 ans qu’elle sort les poubelles avant l’ouverture, mais là elle ne veut plus. Elle menace même de s’en aller ! Donc j’y vais. »

« Bonne journée quand même ! » cria Justine, mais déjà les pas de Christian faisaient crisser le gravier de l’allée. Elle entendit la portière claquer, le moteur démarrer puis plus rien. Il était 5 heures 5 et du coup elle était complètement réveillée.


En prenant le chemin de « l’As des As » Christian se demandait toujours ce qui pouvait entrainer une telle peur de sortir les poubelles chez Josy. Il y a quelques mois, elle lui avait demandé l’autorisation de garder « propres », c’est à dire en dehors des conteneurs, quelques invendus pour les distribuer aux quelques SDF qui attendaient l’heure avec patience. Mais depuis peu, elle ne le faisait plus. Elle lui avait même demandé pourquoi le magasin n’était pas équipé d’un broyeur ou d’un compacteur à déchets. Surpris de ce changement chez Josy, il lui avait demandé ce qu’il se passait. Elle lui avait répondu simplement qu’« ils » étaient de plus en plus nombreux à guetter la sorite des poubelles le matin et qu’elle ne pouvait pas distribuer à tout le monde des invendus. Et puis, samedi soir, Josy lui avait dit que ce n’était plus possible. Les larmes aux yeux elle lui avait annoncé qu’elle ne pouvait plus sortir les poubelles toutes seule. Il l’avait calmée, et lui avait promis d’être là lundi matin pour voir de quoi il retournait exactement.

Franchement, maintenant qu’il était en route, il se demandait ce qu’« ils » pouvaient avoir de si terrible pour effaroucher Josy. Cette employée modèle depuis une dizaine d’années n’avait pas son pareil pourtant. Calme mais déterminée, elle était souvent appelée à la rescousse par les étudiant(e)s embauchés pour combler les trous de son planning, en cas de « clients chiants » (ce terme étant exclusivement réservé à l’usage interne, bien entendu !).

« Bon encore 50 bornes et je serai fixé… J’espère que ça vaut le coup que je me déplace en personne quand même ! ». Christian alluma la radio et tomba sur France Info, plus précisément sur la chronique de David Abiker. Celui-ci détaillait la façon dont les z’influents blogs politiques de gauche souhaitaient un bon 3ème anniversaire au Président Sarkozy. « Ah là là ! déjà 3 ans ! Encore 2 à tirer ! Pourtant quand il a été élu, on y croyait ! Mais là ça devient vraiment plus possible, même sa réforme sur la liberté de négocier s’est finalement retournée contre nous. Au début, pendant un an, on a pu pressuriser les producteurs et l’Industrie Agroalimentaire : même en pleine crise sur les céréales ils n’avaient pas le choix : soit ils acceptaient nos conditions, soit ils étaient remplacés par d’autres ! Mais justement ils ont été tellement pressés que les petits producteurs locaux ont dû jeter l’éponge et que l’I.A.A. a dû délocaliser. Résultat des chômeurs de plus et des produits plus chers du fait des coûts de transport ! Et tout est comme ça… Du coup les prix ont recommencé à augmenter dans nos rayons et les hard-discounteurs nous bouffent à nouveau nos parts de marché. »

« Bon encore deux feux et on y est. Ça y est voilà le parking. Mais … Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! »

Source Image

Tiens écoute c'est de la bonne : boomp3.com

lundi 5 mai 2008

Programmation d'Aucard de Tours 2008 : Bonaparte

Du 18 au 24 mai prochain ce sera Aucard de Tours.

Comme tous les ans je ne connais quasiment personne dans la programmation ! Que c'est dur de penser qu'on est un vieux schnock en découvrant une liste de groupes invités à ce festival...

L'année dernière déjà, je ne connaissais que Loo & Placido sur une trentaine de groupes programmés... Bon j'étais quand même bien content de voir en vrai les mixeurs de génie à l'origine de la rencontre Trust-NTM sur Antisocial ! Du coup, pour la peine, voilà la p'tite vidéo que j'avais ramené de cette soirée Aucard, l'intro du set était Joey Starr Wars « j'arrive » :

On était quelques jours après l'élection de notre TGH, et un autre morceau du set de Loo & Placido était donc « antisocial ». A l'époque tout les gens présents étaient un peu sonnés par l'arrivée de Sarkozy au pouvoir, et donc ce mix avait été plus que bien accueilli !



Bon donc cette encore je connais peau d'zob en artistes reçus au Chapit'auc... Donc j'ai décidé de trouver des infos à droite à gauche sur la programmation.

Un premier groupe qui me plaît bien c'est Bonaparte ! C'est un groupe de Berlin qui fait de de la Poumtchak Dada Pop (ne me demandez pas, je n'ai aucune idée de ce que ce genre musical peut être ni quelles peuvent bien en être les influences !). Pourquoi parler de Bonaparte ? Pour plusieurs raisons :


Allez un petit extrait de leur répertoire : Vagabundo Gigolo



Bon allez je retourne lire le programme, pour voir de quoi que j'vous parle demain !



PS : Adrien, Matfanus et moi-même sommes toujours partants (peut-être Toutsimplementnaze aussi ?) pour être blogueurs embed pour Aucard 2008 ! Si quelqu'un de Radio-béton nous lit, qu'il nous envoie un mail à detoutderiensurtoutderien(at)gmail(point)com